Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/59

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et mon beurre et la vie de mes enfants. Voilà pourquoi je n’ai rien dit.

— Jackson était-il à blâmer ? lui demandai-je.

— Il aurait dû obtenir des dommages. C’était un bon travailleur qui n’avait jamais causé d’ennuis à personne.

— N’étiez-vous donc pas libre de dire toute la vérité, comme vous aviez juré de le faire ?

Il secoua la tête.

— La vérité, toute la vérité, et rien que la vérité, ajoutai-je d’un ton solennel.

Son visage se passionna de nouveau. Il l’éleva, non pas vers moi, mais vers le ciel.

— Je me laisserais brûler âme et corps à petit feu dans l’enfer éternel pour l’amour de mes mêmes, répondit-il.

Henry Dallas, le sous-directeur, était un individu à face de renard qui me toisa avec insolence et refusa de parler. Je ne pus en tirer un mot concernant le procès et sa propre déposition.

J’obtins plus de succès près de l’autre contremaître. James Smith était un homme aux traits durs et j’éprouvai un serrement de cœur en l’abordant. Lui aussi me fit entendre qu’il n’était pas libre, et au cours de la conversation je m’aperçus qu’il dépassait mentalement la moyenne des hommes de son espèce. D’accord avec Pierre Donnelly, il estimait que Jackson aurait dû obtenir des dommages. Il alla même plus loin et qualifia de cruauté froide le fait