Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/74

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qui restât entre l’ouvrier et lui. Il jouissait d’une réputation d’homme spirituel, mais pour le moment son esprit était en déroute. Sans en avoir conscience, il cherchait à droite et à gauche une issue pour s’échapper ; mais je le tenais comme dans une trappe.

Oh ! ce nom de Jackson le rendait malade. Pourquoi avais-je abordé un pareil sujet ? La plaisanterie lui semblait dépourvue de sel. C’était mauvais goût et manque de considération de ma part. Ne savais-je pas que dans sa profession les sentiments personnels ne comptent pour rien ? Il les laissait chez lui en allant à son bureau, et, une fois là, il n’admettait plus que des sentiments professionnels.

— Jackson aurait-il dû recevoir des dommages ? lui demandai-je.

— Certainement !… Du moins mon avis personnel est qu’il y avait droit. Mais cela n’a rien à voir avec le point de vue légal de l’affaire.

Il commençait à reprendre en mains ses esprits dispersés.

— Dites-moi, colonel, la loi a-t-elle quelque chose à voir avec le droit, avec la justice, avec le devoir ?

— Le devoir… le devoir… Il faudrait changer la première syllabe du mot.

— J’entends : c’est avec le pouvoir que vous avez affaire ?

Il fit un signe d’approbation.