Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/77

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choses répugnantes au cours d’une journée de travail ; mais, vous comprenez, tout cela fait partie du traintrain quotidien, conclut-il avec une logique enfantine.

— Cependant, plus tard, vous comptez vous asseoir dans un fauteuil directorial et suivre une politique ?

— D’ici là je serai endurci.

— Puisque vous n’êtes pas encore endurci, dites-moi ce que vous pensez dès maintenant de la politique éditoriale en général.

— Je ne pense rien du tout, répondit-il vivement. Il ne faut pas donner des coups de pied dans les bas-flancs si l’on veut réussir dans le journalisme. J’ai toujours appris cela si je ne sais pas autre chose.

Et il hocha d’un air de sagesse sa tête juvénile.

— Mais que faites-vous de la droiture ?

— Vous ne comprenez pas les trucs du métier. Ils sont corrects naturellement, puisque tout se termine toujours bien, n’est-ce pas ?

— C’est délicieusement vague, murmurai-je.

Mais mon cœur saignait pour cette jeunesse, et je me sentais envie de crier à l’aide ou de fondre en larmes. Je commençais à percer les apparences superficielles de cette société où j’avais toujours vécu, et à en découvrir les réalités effrayantes et cachées. Une conspiration tacite semblait montée contre Jackson, et je sentais un frisson de sympathie même pour l’avocat larmoyant qui avait soutenu si piteu-