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Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/102

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LE VAGABOND DES ÉTOILES

ma volonté sur les parties encore vivantes achèverait de le faire mourir. Mais, tel était le problème dont Ed. Morrell ne m’avait plus averti : après en avoir fini, avec mon torse, me fallait-il pousser l’opération jusqu’à ma tête ? Si oui, le divorce ne serait-il pas complet et inéluctable à jamais, entre Darrell Standing et sa dépouille matérielle ?

Je commençai par la dernière portion de ma poitrine et par le cœur. La contrainte de ma volonté eut aussitôt sa récompense. Le cœur cessa de battre. Ou du moins je ne le sentis plus battre.

Je ne fus plus qu’un pur esprit, une âme, une conscience morale. Appelez comme vous voudrez cette chose sans nom, ayant son siège dans un cerveau nébuleux, qui occupait toujours le centre de mon crâne, mais qui continuait à s’élargir et à s’étendre au delà.

Ce fut alors qu’un instant arriva où, avec des éclairs de lumière dans les yeux, je me détachai de la terre et partis. D’un seul bond, je me trouvai avoir escaladé le toit de la prison, le ciel de Californie, et je fus parmi les étoiles.

Je dis bien, les étoiles. Je marchais parmi elles. J’étais un adolescent, vêtu d’une robe ténue, aux tons frais et délicats, qui brillait doucement à la froide clarté des étoiles. Cette robe était, à la fois, une réminiscence de celles qu’en mon enfance j’avais vues aux écuyères de cirque, et de la conception que l’on m’avait inculquée du costume des anges.

Ainsi vêtu, je foulais l’espace interstellaire, électrisé par l’idée que j’étais parti pour une immense aventure qui, finalement, me découvrirait tous les aspects du Cosmos céleste et éclaircirait pour moi le mystère suprême de l’univers. Dans ma main, je tenais une longue baguette de cristal, et j’avais la claire notion intérieure que j’en devais toucher chaque étoile lorsque je passais devant elle. Et non moins nette était en moi la certitude que, si je manquais d’en toucher une seule, je serais pré-