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LE VAGABOND DES ÉTOILES

sans former aussi étroitement le cercle de nos chariots. Ils furent poussés en rond, tant bien que mal, avec beaucoup de brèches et sans que les roues fussent enchaînées. Nous nous préparâmes à séjourner une semaine en cet endroit.

Il fallait à notre bétail un sérieux repos, avant de lui faire affronter le vrai Désert, au seuil duquel nous nous trouvions. Les mêmes basses collines de sable et de cailloux nous entouraient, mais elles étaient ici plus abondamment couvertes des mêmes broussailles. Sur le sable poussait de l’herbe. À une centaine de pieds du campement coulait une petite source, suffisante à peu près pour les besoins des gens. Plus loin, dans un bas-fond, d’autres sources sortaient du flanc des collines, et c’était à celles-là que le bétail s’abreuverait.

Nous avions campé tôt dans la journée et, notre séjour devant se prolonger plus que de coutume, les femmes procédèrent à une inspection générale du linge sale qu’elles projetaient de se mettre à laver dès le lendemain.

Les hommes, pour leur part, ne demeurèrent pas non plus inactifs. Les uns entreprirent sur-le-champ de raccommoder les harnais. D’autres, de réparer les châssis des chariots et leurs armatures de fer. Il y eut, jusqu’à la nuit, beaucoup de fer rougi au feu, beaucoup de coups de marteaux, beaucoup d’écrans et de boulons resserrés.

Étant allé vers Laban, je le trouvai assis par terre, les jambes croisées, à l’ombre d’un chariot. Il était occupé à se coudre une paire de mocassins et tirait l’aiguille, sans relâche. Il était le seul homme de notre caravane qui portât des mocassins de peau de daim et, tandis que je rappelle aujourd’hui mes souvenirs, je n’ai pas l’impression qu’il faisait partie de notre troupe lorsque nous quittâmes l’Arkansas. D’où venait-il ? Je l’ignore. Il n’avait non plus ni femme ni famille, ni chariot qui lui appartînt. Il ne possédait rien que son cheval et son fusil, les vêtements qu’il portait, et ses deux couvertures où il s’en-