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Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/132

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LE VAGABOND DES ÉTOILES

— L’explication, la voilà ! dit à mi-voix Laban à mon père, en montrant leur groupe de la main. Ce sont eux qui ont poussé les Indiens contre nous.

Pendant ce colloque, j’entendais à ma gauche Abby Foxwell, qui disait à ma mère :

— Ce sont des blancs comme nous… Pourquoi ne viennent-ils pas à notre secours ?

Je me redressai et, bravant la gifle que je savais m’être destinée par ma mère, je rétorquai :

— Ce ne sont pas des blancs ! Ce sont des Mormons !

La journée découla sans autre incident.

Lorsque la nuit fut tout à fait tombée et l’obscurité bien noire, trois de nos jeunes gens quittèrent le camp. Je les vis partir. C’étaient Will Aden, Abel Milliken et Timothée Grant.

— Je les ai envoyés à Cedar City pour demander du secours, dit mon père à ma mère, tout en absorbant rapidement quelques bouchées pour son souper.

Ma mère hocha la tête.

— Les Mormons, dit-elle, ne manquent pas autour du campement. Ils ne nous apportent aucune aide, ni ne nous adressent aucun signe d’amitié. Ceux de Cedar City n’en feront pas plus.

Mon père observa :

— Il y a de bons et de méchants Mormons…

— Jusqu’ici, interrompit ma mère, nous n’en avons jamais trouvé de bons !

Je n’entendis plus parler, le lendemain matin, de nos trois messagers. Mais je ne tardai pas alors à connaître ce qui s’était passé. Tout le camp en était atterré.

Les trois hommes avaient à peine parcouru quelques milles qu’ils furent entourés et défiés par les blancs. Will Aden éleva la voix et déclara qu’ils appartenaient à la compagnie Fancher, qu’ils allaient à Cedar City pour demander du secours. Il fut aussitôt abattu d’un coup de fusil. Milliken et Grant tournèrent bride et revinrent, au galop, apporter la nouvelle.