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CHAPITRE XXIII

À L’INSTAR DE ROBINSON

Après Oppenheimer et Morrell, qui pourrissaient comme moi dans ces années de ténèbres, j’étais considéré comme le plus dangereux prisonnier de San Quentin. Et plus qu’eux encore, j’étais jugé réfractaire aux pires châtiments, réputé tenace et têtu.

Plus terribles étaient les tortures employées par mes bourreaux pour me briser, plus j’encaissais, sans fléchir. « La dynamite ou la mort ! » tel avait été l’ultimatum du gouverneur Atherton. Ce ne fut, finalement, ni l’un ni l’autre. Je ne pouvais produire la dynamite et le gouverneur était incapable de me tuer. Et cette endurance m’était venue, elle aussi, de mes existences passées. Ce sont elles qui m’ont fait plus dur que l’acier.

De l’une de celles-ci, permettez-moi, pour la preuve irréfutable qu’elle comporte, de vous parler brièvement encore. Et ce sera tout, avant qu’on me pende. Je ne m’en souviens que comme un interminable cauchemar.

Je me trouvais sur une petite île rocheuse, battue par les lames, et si basse sur la mer que, durant les grandes tempêtes, les embruns la recouvraient de leur poussière humide et salée. J’y vivais au milieu de mille souffrances, privé de feu et ne me nourrissant que de viande crue. Je n’avais un peu de joie que quand le soleil brillait. Alors je réchauffais à ses rayons mes membres glacés.

Ma seule distraction était un aviron et mon couteau