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Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/265

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À L’INSTAR DE ROBINSON

qui tirait des bordées, en semblant inspecter le rivage. Il était presque à portée de ma voix.

Afin d’être vu, je grimpai sur ma pyramide et agitai en l’air mon aviron et son oriflamme. Puis je courus sur les rochers côtiers, criant et dansant, employant, bref, tous les moyens pour prouver aux nouveaux arrivants que j’étais bien en vie. Je fus aperçu, et je distinguai le capitaine et son second qui, debout sur le gaillard d’arrière, m’examinaient avec leurs longues-vues.

En réponse à mes signaux, ils donnèrent l’ordre à leurs hommes, qui étaient au nombre d’une douzaine, de manœuvrer sur la pointe ouest de l’île, vers laquelle je me dirigeai en hâte. Comme je devais l’apprendre par la suite, c’était ma pyramide qui avait, de loin, attiré tout d’abord leur attention et excité leur curiosité. Ils s’étaient avancés afin de se rendre compte de ce que pouvait être, sur cette île, cet étrange monument qui s’y dressait.

Une embarcation fut mise à la mer et tenta d’aborder. Mais les brisants rendaient tout accostage impossible et, après plusieurs tentatives infructueuses, ceux qui la montaient me firent signe qu’ils devaient s’en retourner au navire.

Jugez de mon désespoir ! Je me saisis de mon aviron (que j’avais décidé, depuis longtemps, d’offrir au Muséum de Philadelphie, si je m’échappais jamais) et, en sa compagnie, je piquai une tête dans les vagues écumantes. Ma bonne étoile, mon énergie et mon habileté, et la protection de Dieu, firent que je réussis à gagner l’embarcation.

Quant au navire, il avait été, durant ce temps, emporté si loin à la dérive, que nous ne pûmes le rallier et monter à bord qu’après avoir ramé pendant une bonne heure.

Ma première impulsion fut de me livrer à un de mes anciens et plus chers penchants. Je mendiai, sur-le-champ, au second, un morceau de tabac à chiquer, de ce