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LE VAGABOND DES ÉTOILES

pâtre et Hérodiade, Esther et la Vierge Marie, et Marie-Madeleine. Elle est Brunehilde et Iseult, Juliette et Héloïse, Ève et Astarté.

Et toujours, dans mes innombrahles vies, je l’ai follement aimée. Dans cette cellule, où j’attends qu’on, vienne me chercher pour me pendre, je revois se pencher, sur ma couche, et lgar, la femme sauvage, et Lady Om, avec qui je traînai quarante ans durant, mon existence de mendiant, sur les routes de Corée ; et Mirîam, qui prétendait que je trahisse mon serment à Rome, pour sauver le pêcheur de Judée ; et la mère du petit Jesse qui assiégée avec moi chez les Mormons, dans le cercle de nos quarante chariots, puis massacrée traîtreusement aux Prairies-des-Montagnes.

Bien souvent, dans mes existences passées, j’ai tué pour posséder la femme que j’aimais et célébré mes noces dans le sang chaud.

Et, si je suis ici, dans ce cachot d’infamie, moi Darrell Standing, en attendant la mort à laquelle m’a condamné la loi, c’est encore parce que j’ai aimé.

Car ce n’est pas pour rien, ni pour mon plaisir, que j’ai tué mon collègue, le professeur Haskell, dans son laboratoire de l’Université Agricole de Californie. Il était un homme et j’en étais un. Et il y avait entre nous une femme belle, et que j’aimais. Que j’aimais de toute l’hérédité d’amour qui était mienne, depuis le chaos hurlant et ténébreux, où l’homme ni l’amour n’avaient pris forme encore.

Et j’ai tué le professeur Haskell, comme j’avais exterminé, dans mon piège couvert de branchages, le vieux Dent-de-Sabre qui, à l’Âge du Bronze, prétendait me disputer Igar.

Douze jurés, dont je ris, se sont alors réunis. Douze jurés zélés, pour me juger et me condamner. Douze a toujours été un nombre fatidique. Bien avant les douze tribus d’Israël, les mages, contemplateurs d’étoiles, avaient placé au ciel douze Signes du Zodiaque. Et,