Aller au contenu

Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
QUI SERAI-JE QUAND JE REVIVRAI ?

de mort — poser une question semblable à un homme qui va mourir et que l’on va voir mourir, c’est, vous l’avouerez, un toupet de sauvage — il leur répondit, beau joueur comme il l’avait toujours été dans sa vie :

— Gentlemen, je pense vivre assez pour la voir un jour abolie…

Ça, c’était tapé !

J’ai vécu d’innombrables existences et je puis affirmer que, depuis la création du monde, la barbarie humaine n’a pas fait un pas vers le progrès. Nous avons mis sur elle, au cours des siècles, un léger vernis. Rien de plus.

« Tu ne tueras point… » a proclamé la Loi divine. Du bluff ! La preuve en est qu’on me pendra demain matin. Dans les arsenaux de toutes les nations se construisent, à cette heure, des canons et des navires, dreadnoughts et superdreadnoughts, et mille instruments savants, destinés à tuer. « Tu ne tueras point… » Bluff ! Bluff ! Bluff !

Nos femmes, à l’Age de Pierre, étaient plus vertueuses que sont les nôtres aujourd’hui. Nous ne mangions pas d’aliments frelatés, empoisonnés par un mercantilisme éhonté. Les filles des pauvres n’étaient point condamnées, pour vivre, à la prostitution. La prostitution était inconnue.

Je vous ai conté ce qu’au début du vingtième siècle après Jésus-Christ, j’ai enduré dans mon cachot, et toutes les tortures de la camisole. Jamais je n’ai connu, dans les siècles passés de tourments équivalents.

Nous sommes aussi sauvages que nos premiers ancêtres. Mais ceux-ci, quand ils tuaient, le faisaient franchement et le front levé, ils acceptaient la responsabilité de leur acte. Nous, nous avons adjoint à nos meurtres l’hypocrisie. Nous ne nous cachions pas, autrefois, derrière l’autorité des philosophes, des prédicateurs subventionnés et des professeurs de droit.

Il y a cent ans, cinquante ans, cinq ans seulement, les voies de fait n’entrainaient pas, aux États-Unis, la