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LE VAGABOND DES ÉTOILES

pouvais que répéter la même vérité : « Je ne savais rien.»

Avant d’être relevé par une tournée de gardiens, mon mouton m’avait révélé que, depuis notre incarcération, pas un métier n’avait ronflé dans la prison, pas un de ses nombreux ateliers n’avaient été ouverts. Les milliers de convicts que renfermait la prison étaient restés enfermés dans leurs cellules, et il avait été décidé, toujours par rapport à la fameuse dynamite, que pas un ne serait renvoyé au travail coutumier avant qu’elle ne fût découverte. L’affaire assurément était grave, et je fis passer la nouvelle de guichet en guichet.

Le lendemain et les jours suivants, les interrogatoires recommencèrent, toujours selon le même rythme. Quand les hommes ne pouvaient plus marcher, on les portait. Le bruit courut que le gouverneur Atherton et le capitaine Jamie, épuisés eux-mêmes et à bout de forces, devaient se relayer mutuellement, toutes les deux heures. Ils étaient à ce point affolés que les interrogatoires, qui s’étaient étendus à tous les convicts de la prison, se poursuivaient même la nuit. Ils ne se déshabillaient pas et dormaient tout habillés, à tour de rôle, dans la même pièce où ils martelaient, inlassablement, les patients.

Dans notre quartier, de jour en jour et d’heure en heure, la folie grandissait parmi nous. La pendaison est un plaisir, croyez-moi, à côté de cette torture sans terme qui détruit un être humain, tout en le laissant vivre.

J’en étais venu, moi qui plus qu’eux avais déjà souffert, moi qui étais plus endurci à la douleur, à augmenter du leur mon propre tourment. Je souffrais à la fois et pour moi, et pour ces quarante hommes, dont l’incessante clameur réclamait en vain une goutte d’eau, dont les cris, les sanglots et les radotages délirants faisaient de notre cabanon une maison de fous.

Comprenez-vous bien, ce qui se passait ? Oui, le comprenez-vous ? Cette vérité, que nous disions tous, était notre condamnation. Devant ces quarante incorrigibles, répétant avec un ensemble aussi parfait les mêmes