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LE VAGABOND DES ÉTOILES

détendu souvent mon esprit, qui m’ont fait paraître les heures un peu moins longues, il en est un qui est toujours demeuré présent à ma mémoire. La mouche morose, qui ne jouait jamais, vint, en un instant d’oubli, se poser une fois sur l’endroit tabou et fut aussitôt capturée par ma main. Lorsque je l’eus relâchée, vous me croirez si vous voulez, elle me bouda une heure durant !

Ainsi se trainait le temps interminable. Je ne pouvais toujours dormir et, quelle que fût leur intelligence, je ne pouvais toujours jouer avec mes mouches. Car des mouches, au total, ne sont que des mouches, et j’étais un homme, avec un cerveau d’homme. Et ce cerveau, actif, entraîné à penser, bourré de culture intellectuelle et de science, monté sans cesse à haute tension, bouillonnait sans répit. Il voulait l’action et j’étais condamné à une totale passivité.

Avant mon emprisonnement, je m’étais livré, durant mes vacances, à d’intéressantes recherches chimiques sur la quantité de pentose et de pentose-de-méthylène que contient le raisin des vignes d’Asti. Tout était terminé, sauf quelques dernières expériences. Quelqu’un les avait-il reprises et avaient-elles été couronnées de succès ? J’étais sans cesse à me le demander.

L’univers était mort pour moi. Aucune nouvelle importante ne filtrait jusqu’à ma cellule. La science, au dehors, marchait à grands pas, et je m’intéressais à des milliers de choses. Telle était la théorie de l’hydrolysis de caséine, traitée par la trypsine, que j’avais le premier émise, et que le professeur Walters avait vérifiée dans son laboratoire. De même avait collaboré avec moi le professeur Schleimer, pour la recherche du phystostérol dans les mélanges des graisses animales et végétales. Le travail commencé devait certainement se poursuivre. Avec quels résultats ? La pensée de toute cette activité à laquelle je ne pouvais plus prendre part, et qui se continuait au delà des murs de ma cellule, de ces murs qui m’en séparaient seuls, était affolante. Durant ce