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LA DYNAMITE OU LA MORT

me tuer. Plus il affirmait cette opinion, plus le gouverneur Atherton se piquait au jeu et continuait.

— Les types de ce calibre, déclarait-il, sont des durs à cuire, c’est entendu. Mais je serai plus tenace encore. Tu m’entends bien, Standing, ce que tu as encaissé jusqu’ici n’est qu’un jeu d’enfant auprès de ce qui t’attend ! Tu ferais mieux de t’épargner ce qui te pend au nez. Tu sais que je suis homme de parole. Je t’ai dit déjà : « La dynamite ou la mort ! » Rien n’est changé. Fais ton choix.

Tandis que Face-de-Tourte, le pied dans mon dos, serrait dur et que, de mon côté, je gonflais mes muscles pour tricher sur l’espace respirable, je tentai de balbutier :

— Je vous répète que ce n’est pas pour mon plaisir que je m’obstine à me taire. Il n’y a rien à avouer. Je couperais moi-même, en cet instant, ma main droite, pour avoir la satisfaction de vous conduire auprès de n’importe quelle dynamite.

Atherton ricana :

— C’est bon, c’est bon… J’en ai déjà vu des comme toi, qui ont des crampons dans la tête, pour raccrocher envers et contre tous à leur marotte. Tu es comme les chevaux rétifs. Plus on tape dessus, plus ils se rebiffent. Allons, Jones, serre encore un peu, je t’en prie ! Un cran de plus !… Standing, si tu n’avoues pas, tu y laisseras ta peau. C’est mon dernier mot.

À ce régime, je connus que sa rigueur même avait sa compensation. Plus l’homme s’affaiblit, moins il est susceptible de sentir la souffrance. La douleur s’émousse dans un corps débile. Les hommes les plus forts sont ceux aussi sur qui les maladies sont les plus violentes, on sait cela. Et, à mesure que l’énergie vitale se consume, les réactions sont moins aiguës. C’est ce qui se passa en moi. Je devins, peu à peu, une sorte de loque filamenteuse et inerte, qui s’obstinait à vivre.

Morrel et Oppenheimer, qui savaient quel traitement je subissais, en étaient navrés pour moi. Ils m’envoyaient, par d’incessants tapotements, leurs conseils et leurs