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CHAPITRE IX

VOULOIR MOURIR

C’est que la chose n’est point facile, de maîtriser la douleur corporelle par la seule force de l’esprit, de maintenir le cerveau à tel point serein qu’il oublie complètement la plainte atroce et le sanglot des nerfs torturés. J’appris à souffrir passivement comme sans doute tous ceux qui ont passé par les étapes graduées de la camisole de force.

Une nuit, alors que je venais d’être relevé de cent heures de camisole, j’entendis tapoter. C’était Morrell qui me parlait.

— Où en es-tu ? me demandait-il. Tiens-tu toujours ?

J’étais plus faible que jamais et, quoique mon corps ne fût plus tout entier, qu’une masse misérable et meurtrie, je me rendais compte à peine que j’avais un corps.

Je frappai, en réponse :

— Il me semble que je suis fini. Ils auront ma peau, s’ils continuent ainsi.

— Ne leur donne pas ce plaisir ! répliqua Morrell. Il y a pour toi un moyen de leur échapper. J’en ai fait moi-même l’expérience, pendant une période de cachot où j’avais Massie pour voisin. Lui et moi, nous fûmes saoulés de camisole. Je tins bon, tandis que Massie croassait à pleins poumons. Si je n’avais connu le bon truc, j’aurais fait comme lui. Voici quel il est. Écoute-moi. Il faut, pour l’essayer, être en état suffisant de faiblesse. Si on le tente,