Page:London - Les Bords du Sacramento, paru dans Gringoire, 29 juin 1939.djvu/21

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vers les tourbillons de vapeur d’eau, distinguer ses passagers, blottis au fond, exposés à la pluie cinglante et à toute la fureur du vent. Profitant d’une accalmie, il cria à Spillane de vérifier le trolley.

L’homme l’entendit ; Jerry le vit, en effet, se redresser avec précaution sur les genoux, passer les mains sur les deux roulettes, puis se tourner vers la rive.

— Hé, petit : tout va bien !

Jerry saisit les mots faibles et étouffés comme s’ils arrivaient de très loin. Alors d’où provenait l’arrêt ? Restait à vérifier la benne vide, invisible, mais qu’il savait là-bas, quelque part dans cet abîme effrayant à quarante mètres derrière la benne occupée par Spillane et sa femme.

Il prit aussitôt une décision. Jerry n’avait que quatorze ans, il était maigre et nerveux, mais toute sa vie s’était passée dans les montagnes et il ne craignait pas le vertige.