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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/117

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LES TEMPS MAUDITS

aussi se trouvait-il en retard pour son loyer : peut-être une femme et des enfants l’attendaient-ils à la maison : peut-être Bill lui-même, ce jour-là, eût-il mangé avec plaisir un morceau de bifteck. Bill s’était battu superbement et avait encaissé une pénible raclée. Maintenant, par expérience personnelle, il se rendait compte qu’en cette soirée de vingt ans auparavant, Stowsher Bill se battait pour quelque chose de plus sérieux que ce jeune Tom King, ambitieux simplement de gloire et d’argent de poche. Rien d’étonnant que Bill eût pleuré ensuite au vestiaire !

D’abord, un boxeur n’a dans le ventre qu’un nombre restreint de combats potentiels : telle est la loi de fer qui règle ce jeu-là. Tel homme peut recéler une centaine de durs assauts, tel autre une vingtaine seulement. Chacun, selon sa composition et la qualité de sa fibre, en contient un nombre défini ; et quand il les a livrés, lui-même est fini. Oui, lui-même avait livré plus de batailles que la plupart des autres, et affronté plus que sa part de ces pénibles rencontres qui vous tendent cœur et poumons presque au point de les faire éclater, qui détruisent l’élasticité des vaisseaux et pétrifient en nodosités