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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/119

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LES TEMPS MAUDITS

en arriva, chose bizarre, à entrevoir une vision de la Jeunesse, se dressant magnifique, triomphante, invincible avec ses muscles souples et sa peau soyeuse, avec son cœur et ses poumons jamais fatigués ni déchirés, et se riant des limites de l’effort. Oui, la Jeunesse prenait forme de Némésis. Elle démolissait les vieux sans songer qu’en agissant ainsi elle se détruisait elle-même. L’effort lui élargissait les artères et lui brisait les jointures, et son tour venait d’être annihilé par la jeunesse. Car la jeunesse est toujours jeune, et il n’y a que l’âge qui vieillisse.

Arrivé à Castlereagh Street, il tourna à gauche, et à trois pâtés de maisons plus loin, il s’arrêta devant la Gaîté. Une bande de jeunes chenapans flânant à la porte s’écarta respectueusement sur son passage et il entendit l’un d’eux dire à un camarade :

— C’est lui, c’est Tom King !

À l’intérieur, comme il se dirigeait vers le vestiaire, il croisa un jeune homme à l’œil vif et de mine éveillée, qui lui serra la main.

— Comment vous sentez-vous, Tom ? demanda-t-il.

— En excellentes dispositions, répondit King, avec la conscience qu’il mentait, et que