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LES TEMPS MAUDITS

place à côté d’un jeune conducteur. Devant, derrière et de chaque côté de cette procession marchait une escorte d’une trentaine d’agents, et à la suite de l’arrière-garde, à distance respectueuse, s’avançait une foule ordonnée mais vociférante, qui occupait une longueur de plusieurs pâtés de maisons et obstruait la rue d’un trottoir à l’autre.

Le trust du bifteck s’efforçait de ravitailler les hôtels, et, par la même occasion, de commencer à briser la grève. L’hôtel Saint-Francis avait été approvisionné, au prix de plusieurs vitres et têtes cassées, et l’expédition marchait au secours du Palace Hôtel.

Sans se douter de rien, Drummond, assis à côté de Catherine, parlait de défrichements, tandis que l’automobile, cornant méthodiquement et se faufilant à travers les voitures, décrivait une vaste courbe vers la pointe du croisement.

Un énorme tombereau, chargé de gros charbon de terre et attelé de quatre solides chevaux, qui venait de déboucher de Kearny Street comme pour tourner dans Market Street, barra la route à l’automobile. Le conducteur du tombereau semblait indécis, et le chauffeur de l’auto, ralentissant l’allure,