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LES TEMPS MAUDITS

dans l’arène, Danny l’attendait. L’arbitre, au lieu de le repousser, n’intervenait pas. La salle, ravie, délirait :

— Tue-le ! Danny, tue-le ! hurlait-on de toutes parts.

On eût dit une bande de loups assoiffés de sang.

Danny fit de son mieux pour satisfaire la salle, mais Rivera, au compte de huit — sans attendre la neuvième seconde — jaillit à l’improviste de dessous la corde et se réfugia dans un « clinch ». L’arbitre s’empressa de l’en arracher pour l’offrir aux coups de Danny, auquel il donnait tous les avantages.

Mais Rivera ne se laissait pas tuer et son étourdissement se dissipait. Tout cela lui paraissait naturel : ces gens-là appartenaient à la race haïe des gringos, et il n’y avait pas de justice à attendre d’eux. Ses visions continuèrent à passer comme des éclairs dans son cerveau : de longues voies ferrées dont les rails étincelaient dans le désert, des policiers américains, des prisons, des vagabonds rôdant autour des réservoirs, tout ce sordide et douloureux panorama de son odyssée, après Rio-Blanco et la grève. Puis, resplendissante et glorieuse, il entrevoyait la grande