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LES TEMPS MAUDITS

filles. Quant à sa femme, eh bien, ses amis intimes l’appelaient amicalement « La mère des Gracques »[1]. Inutile de dire que ce testament inexplicable provoqua l’étonnement pendant huit jours ; mais qu’il ne fût pas attaqué désappointa le public béant.

Depuis seulement quelques jours, Eben Hale repose dans le mausolée de marbre digne de sa situation, et voilà que Wade Atsheler est mort. Les journaux en annonçaient la nouvelle ce matin. Le facteur vient de m’apporter une lettre de lui, mise évidemment à la poste une heure à peine avant qu’il se précipitât dans l’éternité. Cette missive est là, sous mes yeux. C’est un récit, tracé de sa propre main, reliant de nombreuses coupures de journaux et des fac-similés de lettres, dont, me dit-il, les originaux sont entre les mains de la police. Il me prie aussi, de mettre en garde la société contre le plus effrayant et le

  1. Cornélie, fille de Scipion l’Africain, femme de Simpronius Gracchus, mère des Gracques (iie siècle avant J.-C.). Veuve de bonne heure, elle s’acquitta avec un rare talent de sa tâche d’éducatrice, donnant à ses fils les meilleurs maîtres, les préparant à la vie politique, formant leur éloquence. On connaît son mot à une dame de Campanie qui étalait devant elle ses magnifiques bijoux : « Voici les miens », dit-elle en montrant ses fils. (N. d. T.)