devenaient chers, de sorte qu’un homme devait travailler plus longtemps pour en gagner un chapelet. Et puis on parlait toujours de guerre avec les Mangeurs-de-viande, tandis que Dent-de-chien et Face-de-tigre entassaient, dans plusieurs huttes du blé, du poisson sec, de la viande fumée et du fromage. Et alors que les vivres s’amoncelaient là, le peuple n’avait pas suffisamment à manger. Mais qu’importait ? Chaque fois qu’il commençait à grogner trop fort, le Scarabée entonnait une nouvelle chanson ; Gros-Bedon déclarait que la voix de Dieu nous ordonnait de tuer les Mangeurs-de-viande ; et Face-de-Tigre nous conduisait de l’autre côté de la montagne pour massacrer les Mangeurs-de-viande ou tomber sous leurs coups. On me jugeait inapte à faire un garde ou à m’engraisser en dormant au soleil, mais en temps de guerre, Face-de-tigre était bien heureux de m’emmener. Et quand nous avions ingurgité tous les vivres emmagasinés, nous cessions de nous battre et revenions en amonceler de nouveaux.
— Vous étiez donc tous fous ? commenta Courre-daim.
— Nous l’étions, en vérité, reconnut Barbe--