Aller au contenu

Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES TEMPS MAUDITS

se démena comme un aliéné, dont il avait l’air avec ses vêtements en loques, son nez enflé et ses yeux au beurre noir.

Désormais, il ne fut plus question de vols de bétail. Le général Folsom envoya ses troupiers rafler toutes les bêtes, et ses soldats, aidés par la milice, consommèrent la plus grande partie de la viande. On ne saurait blâmer le général. Sa consigne était de maintenir l’ordre et la légalité, et il les maintenait grâce à l’armée, qu’il devait nourrir avant tout.

Ce fut vers cette époque que se produisit la grande panique. Les classes aisées donnèrent l’exemple de la fuite, et la contagion gagna les faubourgs, dont les habitants quittèrent la ville dans une ruée éperdue.

Cet exode n’était pas pour déplaire au général Folsom. On estime que 200 000 âmes désertèrent San Francisco : autant de bouches en moins à nourrir.

Je me rappelle bien cette journée. Le matin j’avais mangé une croûte de pain. Pendant la moitié de l’après-midi, j’avais fait queue, et à la tombée de la nuit, fatigué et lamentable, je rapportai à la maison un litre de riz et une tranche de lard. Brown vint m’ouvrir la