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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/30

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LA FORCE DES FORTS

de-poisson, il n’y aurait plus de guerre, de veilleurs ni de gardes ; et comme tout le monde travaillerait, la nourriture serait assez abondante pour que chacun n’eût à s’occuper que deux heures par jour.

« Aussitôt le Scarabée reprit son refrain, accusant Nez-fendu de paresse, puis entonna « la Chanson des abeilles » ; c’était un hymne étrange qui affolait ses auditeurs comme s’ils avaient bu de la liqueur ardente. Il s’agissait d’une ruche d’abeilles où s’était fait admettre une guêpe chapardeuse qui gobait tout leur miel. La guêpe, paresseuse, leur disait qu’elles n’avaient pas besoin de travailler et leur conseillait de faire alliance avec les ours, ces bons amis qu’on prenait bien à tort pour des voleurs de miel. Le Scarabée employait des expressions ambiguës pour faire comprendre aux auditeurs que la ruche signifiait la Vallée de la Mer, que les ours représentaient les Mangeurs-de-viande et que la guêpe maraudeuse personnifiait Nez-fendu.

« Lorsqu’il chanta comment les abeilles suivirent les mauvais conseils de la guêpe jusqu’à ce que la ruche fût à deux doigts de sa perte, le peuple se mit à gronder et grogner ; et quand le Scarabée proclama comment les