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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/34

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LA FORCE DES FORTS

— Mais le Scarabée, que devint-il ? demanda Courre-daim.

— Il alla vivre avec les Mangeurs-de-viande et devint chanteur du roi. C’est un vieillard maintenant, mais il rabâche les vieilles chansons. Dès qu’un homme se lève pour aller de l’avant, il l’accuse de marcher à reculons pour retourner vivre dans les arbres.

Barbe-en-long fouilla la carcasse d’ours et mâchonna une poignée de graisse entre ses gencives édentées.

— Un jour, dit-il en s’essuyant les mains sur ses flancs, tous les sots seront morts et tous les vivants suivront la route du progrès. La force des forts leur appartiendra, et ils uniront leurs énergies de telle façon qu’aucun homme en ce monde ne se batte plus avec un autre. On ne verra plus de gardes ni de veilleurs sur les murailles. Tous les animaux de proie disparaîtront et, comme le prédisait Face-poilue, nous ferons paître nos chèvres sur les flancs des montagnes et cultiverons notre blé et nos racines succulentes dans toutes les vallées de la terre. Tous les hommes seront frères, aucun ne passera son existence à lézarder au soleil et à se faire nourrir par ses semblables. Et tous ces événements