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LA FORCE DES FORTS

toire. Barbe-en-long en fit autant, et la cheville d’os de dix centimètres qui lui traversait le cartilage du nez se mit en branle, ajoutant à la férocité de sa physionomie. Naturellement la phrase ci-dessus ne ressemble guère à la série de sons animaux qui sortirent de sa bouche et qui signifiaient la même chose.

— Et tel est mon premier souvenir de la Vallée de la Mer, reprit Barbe-en-long. Nous étions une bande de sots qui ignorions le secret de la force : car chaque famille vivait seule et se débrouillait par elle-même. On en comptait trente, mais elles ne s’entraidaient pas, ne se faisaient pas de visites, et se craignaient mutuellement. Au sommet de notre arbre nous construisîmes une hutte de roseaux sur une plate-forme où nous empilâmes de grosses pierres destinées aux crânes de visiteurs éventuels.

« En outre, nous avions nos javelots et nos arcs, et ne passions jamais sous les arbres d’autres familles. Mon frère s’aventura une fois sous l’arbre du vieux Bou-ouf : il eut la tête cassée, tout simplement.

« Ce vieux Bou-ouf était très fort, capable, paraît-il, d’arracher la tête d’un homme.