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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/59

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LES TEMPS MAUDITS

genoux pour se servir des deux mains. Assis et penché, dans cette position, il bombait ses épaules étroites et restait la poitrine contractée pendant dix heures par jour. Cela ne valait rien pour les poumons mais il ficelait ses trois cents douzaines de flacons quotidiennement.

Le surveillant, fier de lui, amenait des visiteurs, curieux de voir ce jeune garçon entre les mains de qui passaient tant de flacons dans une journée. Il avait atteint la perfection d’une machine. Toute perte d’effort était éliminée. Le moindre mouvement de ses bras maigres et de ses doigts fluets était rapide et sûr. À la suite de ce travail à haute tension, il éprouvait une grande nervosité. La nuit, il souffrait de crampes en dormant, et pendant le jour, il ne pouvait ralentir ni se reposer. Tendus à perpétuité, ses muscles ne cessaient de le tirailler. Son teint blêmit et sa toux s’aggrava. Puis une pneumonie s’abattit sur ses poumons débiles, et il perdit son emploi à la verrerie.

Ensuite, il retourna à la filature où il avait débuté en enroulant des bobines. Un avancement l’y attendait, par suite de sa réputation de bon travailleur. Il passerait ensuite