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Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/61

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LES TEMPS MAUDITS

ils croyaient aux fées. Jamais il n’avait cru aux fées ni au père Noël, mais il avait ajouté foi, sans réserve, à l’avenir que son imagination brodait sur la toile mouvante.

De très bonne heure, il devint homme. À sept ans, au moment où il toucha son premier salaire, commença son adolescence. Il sentit se glisser en lui un certain sentiment d’indépendance, et les rapports se modifièrent entre sa mère et lui. Le fait de gagner son pain et d’accomplir son œuvre dans le monde le mettait sur un pied d’égalité avec elle. La virilité pleine et entière lui vint à onze ans, au moment où il trima pendant six mois dans l’équipe de nuit. Aucun enfant ne reste tel en travaillant de nuit.

Plusieurs grands événements passèrent dans sa vie. L’une de ces journées mémorables fut celle où sa mère acheta des pruneaux de Californie ; les deux autres, celle où elle fit du flan. Il se rappelait avec plaisir ces joies enfantines. Et, à cette occasion, sa mère lui avait parlé d’un mets délicieux qu’elle confectionnerait quelque jour, qu’elle appelait une « île flottante », quelque chose de meilleur encore que le flan ! Pendant des années, il attendit le jour où il s’attablerait devant