Aller au contenu

Page:London - Les Temps maudits, 1974.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES TEMPS MAUDITS

sans même lui accorder la jouissance complète de son péché.

Il se rappelait toujours cet incident comme l’action la plus criminelle de sa vie, et sa conscience se réveillait à intervalles pour le pincer à ce souvenir : c’était son ver rongeur. Sa nature et les circonstances se combinaient pour lui faire regretter cet acte. La façon dont il avait dépensé l’argent ne le satisfit point. Il aurait pu le placer de façon plus judicieuse, et, en dépit de l’expérience acquise postérieurement sur la vivacité de Dieu, déjouer celui-ci en dépensant le quart de dollar d’un seul coup. Il répartissait rétrospectivement cette somme de mille manières différentes et meilleures les unes que les autres.

Il retrouvait, a posteriori pour ainsi dire, un autre souvenir vague et confus, associé à l’ineffaçable cruauté de certains coups de pieds jadis prodigués par son père. Cette sensation rétrospective ressemblait plutôt à un cauchemar qu’à la vision d’un événement concret, quelque chose d’analogue à la terreur d’un homme qui se sent tomber en dormant, en vertu d’une mémoire ancestrale remontant à l’antiquité la plus reculée.

Ce souvenir particulier ne se présentait