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LE RENÉGAT

Le lendemain matin, dès que se fit sentir la chaleur, Jeannot reprit sa place sur les marches. Cette fois, il apportait du papier et un crayon pour continuer ses calculs, qu’il poursuivit à grand’peine et avec une constance étonnante.

— Qu’est-ce qui vient après les millions ? demanda-t-il à midi, quand Will revint de l’école. Et comment calcule-t-on en millions ?

Cet après-midi-là, il termina sa tâche. Chaque jour, mais sans papier ni crayon, il revint s’asseoir sur le seuil. Il semblait s’intéresser prodigieusement à l’arbre unique qui poussait de l’autre côté de la rue. Il l’observait durant des heures, sans se lasser de voir le vent balancer les branches et faire frissonner les feuilles. Durant toute la semaine, il parut absorbé dans une profonde communion avec lui-même. Le dimanche, assis comme toujours sur les marches, il éclata de rire à plusieurs reprises, à la grande inquiétude de sa mère qui ne l’avait pas entendu rire depuis des années.

Le lendemain, avant l’aurore, elle vint le secouer dans son lit. Ayant dormi son content toute la semaine, il s’éveilla aisément, sans