Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/111

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Nous bûmes la soupe, mais nous ne touchâmes pas au pain. Non parce que nous n’avions pas faim, ou que le pain fût immangeable. Mais nous avions nos raisons personnelles. Mon compagnon avait découvert que notre cellule grouillait de punaises. Dans toutes les crevasses et les interstices des briques, là où le ciment était tombé, florissaient de grandes colonies de ces puants insectes. Les indigènes s’aventuraient même au-dehors en plein jour et pullulaient par centaines sur les murs et le plafond. Mon compagnon connaissait à fond les mœurs de cette vermine. Tel l’intrépide Roland, il fit entendre le son du cor. Jamais on ne vit pareille bataille. Elle dura des heures. Et quand les derniers survivants de l’armée en déroute se réfugièrent dans leurs forteresses de briques et mortier, notre besogne n’était qu’à moitié faite. Nous mâchâmes des bouchées de notre pain de façon à le réduire à la consistance du mastic. Lorsqu’un fuyard se réfugiait dans une fente entre les briques, vite nous l’emmurions avec un morceau de cette pâte. Nous continuâmes notre extermination jusqu’à la nuit, et jusqu’à ce que chaque