Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/119

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de leur soustraire des aliments pendant que je les servais. On ne peut vivre seulement de pain, surtout lorsqu’on n’en a pas à sa suffisance.

Cependant mon nouvel ami tint sa promesse. Après deux jours de corvée dans la cour on me tira de ma cellule et je devins prévôt, autrement dit « homme de hall ». Matin et soir nous distribuions le pain aux prisonniers dans leurs cellules ; mais à midi on employait un système différent. Les détenus rentraient du travail sur une longue file. En passant la porte ils rompaient les rangs.

À l’intérieur, des morceaux de pain étaient empilés sur des plateaux. Là se trouvaient le « premier homme de hall » et deux acolytes, dont moi-même. Notre tâche consistait à tenir les plateaux pendant le défilé des détenus. Dès que le mien était vide, mon compagnon prenait ma place avec un plateau plein. Et vice versa. Les hommes se succédaient, chacun prenant de sa main droite une ration de pain.

Le rôle du chef différait quelque peu du nôtre. Il se servait d’une matraque. Debout près du plateau, il surveillait la distribution.