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Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/153

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Comme je m’asseyais pour manger, un train de marchandises arrivait de l’Ouest. Je vis s’ouvrir une porte de côté et descendre un « gosse du rail » (un novice). À travers le brouillard, il s’avança vers moi en clopinant, raidi par le froid, les lèvres bleuies. Je partageai avec lui mon « java » et ma boustifaille, et il me donna des nouvelles de Jack-le-contre-cacatois, puis me parla de lui-même. C’était un gars de ma ville natale d’Oakland, en Californie, et il faisait partie d’une célèbre bande de Hoboes, une bande à laquelle je m’étais affilié à de rares intervalles. Dans la demi-heure qui suivit, nous avalâmes notre maigre repas. Peu après, un convoi de marchandises s’en allait et je m’y installai en route vers l’Ouest, sur la piste de Jack-le-contre-cacatois.

Je fus retardé entre les passes, je restai deux jours sans nourriture, et je dus même parcourir dix-sept kilomètres à pied le troisième jour avant de trouver à manger ; cependant je réussis à brûler la politesse à Jack-le-contre-cacatois le long du fleuve Fraser, dans la Colombie britannique. Grimpé sur un train de voyageurs, je gagnais de la vitesse, mais lui aussi sans doute, et avec