Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/161

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d’Orégon et se rendait à l’Est chez sa grand-mère. Il me raconta une lamentable histoire de mauvais traitements. Son accent paraissait sincère. Pourquoi m’aurait-il menti, à moi vagabond inconnu rencontré au hasard de la route ?

Le gosse ne manquait pas de cran. Il voulait faire vite et les choses traînaient trop à son gré. Lorsqu’il eut appris que le train devait rebrousser chemin et rejoindre, par un long détour, la ligne de l’Union Pacific de l’autre côté de l’accident, il regrimpa sur son chasse-pierres et déclara qu’il y resterait coûte que coûte. Quant au Suédois et à moi, c’était trop nous demander de voyager le reste de cette nuit glaciale pour gagner une vingtaine de kilomètres. Nous décidâmes d’attendre que la voie fût déblayée. Pendant ce temps-là nous essaierions de bien nous reposer quelque part.

Ce n’est pas une mince affaire que d’arriver à minuit dans une ville inconnue, par un temps glacial, les poches vides pour ainsi dire, et de trouver un endroit convenable pour dormir. Le Suédois n’avait pas un sou. Toute ma fortune consistait