Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/180

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Abandonnant nos wagons à Council Bluffs, nous nous préparâmes à rejoindre le campement. La nuit était devenue froide et de violentes bourrasques accompagnées de pluie nous glaçaient et nous trempaient jusqu’aux os. Plusieurs policiers nous conduisaient vers le camp. Le Suédois et moi guettâmes l’occasion et nous réussîmes à nous échapper.

La pluie se mit ensuite à tomber à torrents ; dans l’obscurité, si épaisse que nous ne distinguions pas nos propres mains lorsque nous les placions devant nos visages, semblables à deux aveugles, nous tâtonnâmes en quête d’un abri. Notre instinct dut nous guider, car en un rien de temps nous butions contre un bar, non pas un bar qui était ouvert et accueillait des clients, ni un bar fermé la nuit, ou encore un bar avec une adresse fixe, mais un bar étayé d’énormes piliers de bois, monté sur roues et qui se transportait d’un endroit à un autre. Les portes en étaient fermées à clef. Une rafale s’abattit sur nous. Nous n’hésitâmes plus. La porte vola en morceaux et nous pénétrâmes à l’intérieur.

J’avais passé de bien horribles nuits, « porté la bannière »<ref>