Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/19

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J’essayais de gagner du temps.

— Le grand, au haut de l’escalier.

Si je me souvenais du temple, il me faudrait le décrire. L’abîme s’ouvrait devant moi. Je secouai la tête.

— On le voit de partout dans le port, me dit-il. Il n’est même pas nécessaire de descendre en ville pour apercevoir ce temple.

Jamais je n’ai maudit un temple comme celui de Rangoon. Mais j’en arrivai tout de même à bout.

— On ne peut le voir du port ni de la ville, ni même du haut de l’escalier. Pour la bonne raison… (je fis une pause pour réussir mon effet). Pour la bonne raison qu’il n’y a pas de temple.

— Mais je l’ai vu de mes propres yeux ! s’écria-t-il.

— C’était en quelle année ?

— En soixante et onze.

— Il a été détruit par le grand tremblement de terre en 1887, expliquai-je. Il était très ancien.

Nouvelle pause. Le vieux matelot était en train de reconstruire, pour ses yeux usés, ce magnifique temple au bord de la mer, vision de sa jeunesse.