Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne lui suffisant pas pour vivre, il avait essayé de faire la place pour la vente des livres. Je racontai également à cette sainte femme mes propres souffrances durant les quelques jours que je passai après son décès, seul et abandonné dans les rues de San Francisco.

Tandis que la brave dame réchauffait des biscuits, faisait frire le lard et cuire d’autres œufs, que je m’empressais de dévorer dès qu’elle les plaçait devant moi, j’agrandissais l’image de ce pauvre orphelin et entrais dans les détails. Moi-même je devenais ce malheureux gosse. J’avais foi en lui comme dans les œufs superbes que j’avalais. J’aurais pu pleurer sur mon propre sort. À un certain moment j’avais des larmes dans la voix. L’effet produit était surprenant !

De fait, à chaque touche que j’ajoutais au tableau, cette bonne âme m’apportait un plat nouveau. Elle me prépara un lunch pour mon voyage. Elle y mit, entre autres choses, plusieurs œufs durs, du poivre et du sel, et aussi une grosse pomme. Elle me pourvut de trois paires de chaussettes de laine rouge très épaisse, me donna des mouchoirs propres et d’autres objets que j’oublie. Et tout le temps elle ne cessait de cuire des aliments que je