Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/252

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son hobo du premier coup d’œil. Jamais il n’entrait en discussion avec lui. Il le toisait, et, l’instant d’après, il cognait dessus des deux poings, avec une matraque, ou n’importe quel ustensile à portée de sa main. Une fois son bonhomme maté, il le conduisait hors de la ville, en lui promettant pis encore si jamais il retombait sous ses griffes. Jeff Carr connaissait admirablement son métier. Au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest, jusqu’aux confins les plus reculés des États-Unis (le Canada et le Mexique y compris), les vagabonds ainsi brutalisés recommandaient à leurs congénères d’éviter Cheyenne comme la peste. Heureusement pour moi, je n’ai jamais rencontré Jeff Carr. J’ai traversé Cheyenne durant une tourmente de neige, en compagnie de quatre-vingts autres vagabonds. La force du nombre nous rendait indifférents à beaucoup de dangers, mais la crainte de Jeff Carr engourdissait notre imagination, émasculait notre virilité. La bande entière était terrorisée à l’idée de le voir surgir au coin d’une rue.

En bien des cas il est inutile de parlementer avec les policiers lorsque leurs têtes