Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/28

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lui ait également procuré quelque compensation. En tout cas, elle peut rire à gorge déployée maintenant qu’elle connaît ma situation dans tous ses détails.

Pour elle, mon histoire était « vraie ». Elle croyait en moi et en toute ma famille, et elle m’entoura de sollicitude à l’idée du périlleux voyage que je devais effectuer avant d’atteindre Salt Lake City. Cette générosité faillit me causer de sérieux ennuis. Au moment où je prenais congé, les bras chargés de victuailles et les poches gonflées de chaussettes de laine, elle se souvint tout à coup d’un parent quelconque, oncle ou neveu, postier ambulant, et qui arriverait justement cette nuit-là par le train même sur lequel je comptais rouler en fraude. Les choses s’arrangeaient à merveille ! Elle allait me conduire à la gare, raconterait mes malheurs à son parent et le prierait de me cacher dans le wagon postal. Ainsi, sans aucun danger je serais transporté confortablement jusqu’à Ogden ; Salt Lake City ne se trouvait qu’à quelques kilomètres plus loin. Le cœur me manqua. La bonne dame s’animait en m’expliquant son plan et, l’âme défaillante, je dus feindre une allégresse et un enthousiasme infinis devant