Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/70

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tasses de café, des œufs et des rôties, je leur donnais la pleine mesure. Je leur procurais généreusement de la distraction. Ma présence à leur table représentait pour elles une aventure, et l’aventure n’a pas de prix.

Après les avoir quittées, je descendis la rue et ramassai un journal sur le pas d’une porte, puis j’allai m’allonger dans l’herbe d’un parc et lire les nouvelles des dernières vingt-quatre heures du monde. Là, je rencontrai un de mes confrères en vagabondage qui me raconta sa vie et voulait à toute force me faire enrôler dans l’armée des États-Unis. Il s’était laissé embobiner par le sergent recruteur et se disposait à rejoindre son corps. Il ne comprenait pas pourquoi je n’imitais pas son exemple. Il avait fait partie des régiments de Coxey qui, plusieurs mois auparavant, avaient défilé à Washington, ce qui semblait lui avoir donné du goût pour la vie militaire.

Moi aussi j’étais un ancien soldat : n’avais-je point été simple recrue dans la Compagnie « L » de la seconde division de l’armée industrielle de Kelly, connue plus communément sous le nom de « Ruée de la Nevada » ?