Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/89

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côté étaient bel et bien des trimardeurs, mais il n’en était pas de même de celui qui marchait entre eux. Je longeai le bord du trottoir pour les laisser passer, mais sur un ordre de celui du milieu, ils s’arrêtèrent net et leur gardien m’adressa la parole.

À l’instant même je devinai à qui j’avais affaire. Il appartenait à la « mouche » et les deux vagabonds étaient ses prisonniers. Jean-la-Loi faisait la chasse aux vers matineux et j’étais un de ces vers. Eussé-je été riche de l’expérience acquise durant les mois suivants, j’aurais pris immédiatement la poudre d’escampette et détalé comme le diable. Il aurait pu tirer sur moi, mais je ne me serais pas laissé prendre à moins d’être blessé. Jamais il n’aurait osé me poursuivre, car deux prisonniers dans la main valent mieux qu’un en fuite. Je restais planté là comme un mannequin lorsqu’il m’interpella. Notre conversation fut des plus brèves.

— À quel hôtel logez-vous ? questionna-t-il.

Il me tenait. Je n’étais descendu nulle part, et, comme je ne connaissais le nom d’aucun hôtel de l’endroit, je ne pouvais