Page:London - Les Vagabonds du rail, 1974.djvu/99

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yeux je lus la gaieté, le rire et la bonté. Quant au reste de sa personne, on eût dit une véritable bête, complètement amorale et possédant toute la passion et la violence excessive du fauve. Ce qui me le rendit quelque peu sympathique, c’étaient, aux coins de ses yeux, la gaieté, le rire et la douceur de la brute au repos.

Je sentais confusément que je m’entendrais bien avec lui. Tandis que mon compagnon de menottes, l’interminable négro, se lamentait tout en gloussant et en riant au sujet de quelque lessive qu’il était en train de perdre par suite de son arrestation, et que le train filait vers Buffalo, je liai conversation avec l’homme assis derrière moi. Sa pipe était vide. Je la lui bourrai de mon précieux tabac : j’en mis dans une seule pipe de quoi faire une douzaine de cigarettes. Plus nous bavardions plus il m’attirait, au point que je partageai tout mon tabac avec lui.

Je possède par bonheur une sorte de fluide pénétrant et je m’accorde suffisamment avec la vie pour me trouver à l’aise un peu partout. Je dus me pencher pour parler à cet homme, mais j’étais loin d’imaginer tout