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Frédéric perdît sa tranquillité et son bonheur. Cette agitation inaccoutumée qui régnait à présent était une violation aux règlements et traditions en vigueur. Les repas, irréguliers, se prolongeaient interminablement, et à minuit, on soupait de plats préparés sur le réchaud, au milieu des éclats de rire et jusqu’à des heures invraisemblables.

Frédéric était d’une sobriété exemplaire. Un verre de vin à déjeuner constituait son plus grand excès. Il se permettait trois cigares par jour, qu’il fumait sous la véranda ou au fumoir. À quel autre usage pouvait être destiné un fumoir ? Il détestait les cigarettes. Cependant son frère en roulait sans cesse dans du papier mince et brun et les grillait n’importe où il se trouvait. On découvrait continuellement des miettes de tabac dans le large fauteuil où il s’asseyait de préférence et parmi les coussins des sofas.

Puis venaient les cocktails. Élevé sous la tutelle rigide d’Isaac et d’Éliza Travers, Frédéric considérait la cave à liqueurs comme une abomination. D’antiques cités avaient été frappées par la colère divine en châtiment de leurs débauches.