Page:London - Par les tortues de Tasman, paru dans Ric et Rac, 6, 13 et 20 août 1932.djvu/69

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le soleil de minuit. Comme ta mère eût aimé ce voyage ! C’était une femme de cran ! Quarante sommeils en compagnie des chiens, et nous séparerons, en les secouant, les pépites jaunes des racines de mousse. Larabee possède de superbes bêtes. J’en connais la race : des loups des bois, voilà, de grands loups gris, encore que de temps à autre, on en trouve un par portée qui se nuance de brun, n’est-ce pas, Bennington ?

— Un par portée, c’est à peu près la moyenne, répondit vivement Bennington, l’homme du Yukon, mais d’une voix rauque et méconnaisable.

— Et il ne faut jamais s’aventurer seul avec eux, continua le capitaine Tom. Car s’il vous arrive de tomber, ils sauteront sur vous. Les chiens de Larabee ne respectent un homme que s’il se tient ferme sur ses jambes. Dès qu’il est par terre, ils le dévorent. Je me souviens de cette fois où nous suivions la ligne de partage des eaux pour nous rendre de Tanana à Circle City. Cela se passait avant la ruée du Klondike, en 94 ou en 95, et le thermomètre était descendu au dernier degré. Un jeune Canadien portait l’équipement. Il s’appelait… oh ! un drôle de nom… attendez une minute… cela va me revenir.

Sa voix se tut brusquement, encore que ses lèvres continuassent de remuer. Un air