Page:London - Soirée d’amateurs, paru dans Candide, 01 avril 1937.djvu/29

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hurla de joie : un vacarme infernal couvrit l’orchestre et Edna vit les archets racler les cordes sans paraître en tirer le moindre son. Il lui fut impossible d’entonner sa chanson à temps et comme elle attendait patiemment, les poings sur les hanches et l’oreille tendue pour essayer de suivre la musique, la salle éclata de nouveau. Edna apprit par la suite que c’était là une tactique destinée à déconcerter l’amateur en l’empêchant d’entendre l’orchestre.

Cependant, Edna recouvrait peu à peu sa présence d’esprit. Elle eut l’impression que devant elle, du parterre au paradis, déferlait une mer de visages convulsés par le plaisir. Les spectateurs poussaient des éclats de rire qui rebondissaient comme des vagues et son sang d’Écossaise se glaça de colère. Alors la vue des musiciens, se démenant en pure perte, lui inspira une idée : sans proférer le moindre son, elle se mit à remuer les lèvres, à gesticuler des bras et à s’agiter comme si