Page:Londres - Adieu Cayenne.djvu/133

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Pour mon compte, je rêvais à Demonty depuis quinze années.

Nous y sommes. Onze heures du soir. Nuit d’encre, vingt maisons de bois dans la forêt. Silence tragique.

Tout à coup, nous nous serrons les mains, les cinq ! Jean-Marie, joignant les siennes, prononce : Demonty ! Nous répétons : Demonty ! La joie tourne en nous comme la tornade sur mer. Jusqu’ici, nous devions nous cacher de tout : des chiens de chasseurs d’hommes, des gens. Là, nous n’avons plus rien à craindre. Vingt maisons ! mais, pour sept mille hommes, c’est la ville la plus grande du monde, c’est la liberté !

Nous restons bien trois heures là, sur place, sans bouger, parlant bas, morts de froid, mais si heureux :

— Il ne faut pas croire, ajoute-t-il, que le bonheur ne soit fait que pour les heureux !

Enfin, nous nous mettons en marche. Il est deux heures du matin, exactement ;