Page:Londres - Adieu Cayenne.djvu/26

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saccharine, il adoucit son regard d’une profonde amertume.

— Vous aussi ? Vous qui connaissez mon affaire, vous me posez cette question ?

Il balançait la tête à coups francs, comme pour dire ; « Je ne l’aurais pas cru, je ne l’aurais pas cru… »

— Vous me posez cette question, vieille de quinze ans ? L’éternelle demande qui me fait bondir ?

Imaginez-vous un Caïn qui n’aurait pas tué Abel et qui, toute sa vie, entendrait derrière lui : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

Il se défendra, il se démènera, il s’expliquera. On l’écoutera un moment d’une oreille sceptique, puis l’on s’en ira, alors qu’il continuera de se défendre dans le vide, tout seul.

Et l’homme qui lui jette un regard de mépris ? Et les timides qui détournent la tête ? Et ceux qui, dès qu’ils vous aperçoivent, passent sur le trottoir