fumait la pipe. C’était le sauveur.
— Eh bien ! me dit-il, la pêche va mal. J’ai une femme et deux enfants ; alors, pour remonter mes affaires, je vais entreprendre les évasions.
Il ajouta :
— C’est moi Acoupa.
— Comment est-elle votre pirôgue ?
Jamais je n’ai entendu prononcer ce mot de pirogue comme par Dieudonné. Il roule l’o et y superpose les accents circonflexes. On dirait, quand il pense à l’embarcation, que la longue houle et le son rauque des mers de Guyane lui sont restés dans la gorge.
— Elle est sûre, répond Acoupa.
Le noir avait quarante ans. Il était solide. Il pêchait depuis dix ans sur la côte. À première vue, il ne paraissait pas être une fripouille. Trois mille, plus deux cents, plus cent, lui dis-je. Il répondit : « Pas plus ! » On se toucha la main. C’était conclu.
Je sortis avec lui.