Page:Londres - Adieu Cayenne.djvu/55

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les jours. S’ils apercevaient un surveillant, ils faisaient demi-tour et marchaient, en bons transportés, du côté du camp.

Je croisais des forçats ; ils me semblaient subitement plus malheureux que jamais. J’avais pour eux la pitié d’un homme bien portant pour les malades qu’il laisse à l’hôpital. L’un que je connaissais me demanda : « Ça va ? » Sans m’arrêter, je lui répondis : « Faut bien ! » Je rencontrai aussi Me Darnal, l’avocat. « Eh bien ! Dieudonné, quand venez-vous travailler chez moi ? » J’avais une rude envie de lui répondre : « Vous voulez rire, aujourd’hui, monsieur Darnal ! » Je lui dis : « Bientôt ! » Je tombai également sur un surveillant-chef, un Corse. On n’échangea pas de propos. Je me retournai tout de même pour le voir s’éloigner. Je ne tenais pas à conserver dans l’œil la silhouette de l’administration pénitentiaire ; c’était, au contraire, dans l’espoir de contempler la