Page:Londres - Au bagne.djvu/114

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cachot. Les nuits, je me frottais l’épiderme avec une brosse. J’en suis guéri à jamais. La douleur est le meilleur conseiller.

— Pourquoi meniez-vous cette lutte inégale contre l’administration ?

— Par goût. Je m’enfonçais dans le cachot comme dans le sommeil. Cela me plaisait diaboliquement. Quand le commandant Masse n’a plus voulu me punir, j’ai cru que je l’étranglerais. Et puis, je protestais au nom de tous les autres. Mais tous les autres — à part trois ou quatre — savez-vous ce que c’est ? C’est de la vermine qui, plus vous l’engraissez, plus vous dévore.

On ne me verra plus chercher des amis dans ce fumier.

Je me demande même comment je ferai quand je sortirai du cachot.

Je ne puis plus supporter la vie en commun.

— Vous vivrez à part.

— Je ne puis plus me souffrir moi-même. Le bagne est entré en moi. Je ne suis plus un homme, je suis un bagne.

Il dit :

— Je ne puis pas croire que j’aie été un petit enfant. Il doit se passer des choses extraordinaires qui vous échappent.

Un bagnard ne peut pas avoir été un petit enfant.