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LA CASE DES FOUS


Au bout de l’île s’élève une maison lépreuse. Les blockhaus sont moins tristes qu’elle. Le grand soleil lui-même ne parvient pas à la faire paraître ce qu’elle n’est pas. Loin de chanter sous la lumière, elle se consume. C’est la case des fous.

C’était jour de visite. Le docteur Clément s’y rendait. Je me joignis à lui.

Au bagne, on voit le malheur toute la journée. Il passe, comme dans une ville une auto, un piéton. On entend : « ma misère », « la misère », « notre misère », de même que chez nous : « Bonjour ! » « Ah ! qu’il fait chaud ! » « Quelle heure est-il ? » On se croirait dans un monde de chiens invisibles grattant, de l’intérieur, à la porte de leur niche. Nous n’avons qu’un jour des Morts par an ; pour eux, c’est jour des Morts toute l’année.

La case des fous était plus tragique encore que tout cela.

Les portes s’ouvrirent. Une statue de l’abjection était appuyée contre la cellule no 1, les yeux fixant le sol, la langue sortie.

C’était un vieux.

— Vieux, dit le docteur, je te donnerai une boîte de lait, ce matin.

La statue ne bougea pas.

À la cellule 2 était Bourras. Il se promenait nu